Pauline Blanck, fille de vigneron

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans le vin.

Dans la famille Blanck, la passion du vin et de sa culture se transmet de père en fils... et en fille. Si Pauline Blanck, aujourd'hui installée à Genève, a rejoint la grande maison horlogère et joaillère Chopard, elle prend soin de garder un œil investi sur l'entreprise familiale et, au-delà, sur la vigne et son fruit.

Une petite pause historique s'impose. C'est en 1610 qu'un certain Hans Blanck, un ancêtre autrichien, acquit ses premières vignes en Alsace, dans la vallée de Kaysersberg. Mais c'est en 1927, sous l'impulsion de Paul Blanck et d'une petite clique de vignerons, que le grand cru de schlossberg a gagné ses galons en tant que vignoble pilote. 

Et près de cinquante ans plus tard, ses fils, Bernard et Marcel Blanck, ont su jouer à leur tour un rôle prédominant dans la création en Alsace de l'appellation « grand cru », dont le schlossberg comptera parmi les ambassadeurs. 

Depuis 1985, une nouvelle génération se charge de porter bien haut les couleurs de la famille, toujours dans le respect de la vigne et de son terroir.

Un bel esprit de famille

Une famille au destin intimement lié à son vignoble, à Kientzheim, devenu depuis un véritable domaine viticole réparti sur cinq grands crus et quatre lieux-dits. Avec ses deux siècles d'expérience, la famille Blanck a appris à s'exprimer à travers son terroir autour de valeurs telles que la convivialité, le partage et la transmission. 

Derrière le Domaine Blanck, il y a « ces petits et grands moments de partage, les dégustations au caveau de Kientzheim. Nous aimons créer des vins authentiques et de plaisir pour les connaisseurs », explique Pauline Blanck. Un bel « esprit de famille » dont elle a hérité et su s'imprégner, tout en l'enrichissant d'un regard neuf et féminin. « Nous sommes une famille de passionnés, je crois que la tradition ne se transmet non pas de "père en fils" mais de "passionné à passionné". » 

Et si la présence féminine dans le milieu reste toujours peu affirmée, Pauline Blanck remarque que « les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans le vin. Pour moi, elles ont une sensibilité particulière notamment dans la vinification. Des femmes comme Laurence Faller ou Sylvie Spielmann en Alsace ont su participer à cette émancipation. » Et de poursuivre : « Depuis quelques années, il y a aussi les DiVINes d'Alsace, une association où les femmes qui travaillent dans le milieu du vin se retrouvent pour échanger sur la profession. » Les lignes bougent et c'est tant mieux !

« J'ai voulu en savoir plus »

De ses premières « rencontres » avec le vin, la jeune femme garde un souvenir gourmand. Car qui dit vin, dit bien souvent gastronomie. Ainsi se rémémore-t-elle avec plaisir ces « mignardises dégustées dans la cuisine d'un étoilé, ou simplement le repas des vendanges, la soupe, la tarte aux pommes et les plats de spaetzles ». L'Alsace tire sa force de ses terroirs, de sa géologie singulière. Il y avait ces dimanches où Pauline allait en famille « chercher des fossiles au grand cru du Furstentum, ou du quartz au Schlossberg ». Le contact avec sa terre reste fondamental. Mais Pauline Blanck se souvient également des éditions du Pique-nique chez le Vigneron Indépendant auxquelles sa famille participe chaque année depuis 2002. « Une année, j'ai entendu des invités parler du pinot gris wineck-schlossberg et d'un goût de noix de coco. Cela m'a intriguée et j'ai voulu en savoir plus. » Un premier contact qui s'est prolongé pendant ses études. Il lui arrivait alors de participer bénévolement à des dégustations pour servir le vin. « J'avais le droit d'avoir un verre pour déguster ! » Et telle une Cendrillon gardant gravé dans sa mémoire le bal au château du prince, la jeune femme revit en souvenir ce soir où elle a eu l'opportunité « de participer à une rétrospective de la Maison Ruinart sur 20 ans avec le chef de cave. (...) Je garde un souvenir quasi intact d'un Blanc de Blanc 1990 avec une robe lumineuse et des notes d'agrumes. » La sensibilité est là, reste à la maîtriser et à la fortifier.

C'est ce que Pauline Blanck est allée chercher en poussant les portes de l'Ecole du Vin de Paris.

« Je voulais avoir une validation de mes « acquis ». (...) Aujourd'hui, je suis amenée à en parler très régulièrement, à jouer le rôle d'interlocutrice auprès de clients ou de professionnels lors de certains salons comme par exemple le Grand Tasting. » 

A l'Ecole du Vin, Pauline rencontre des sommeliers, des propriétaires de bars à vins, des amoureux du précieux nectar désireux de devenir des Masters of Wine. Un écrin qui lui permet d'acquérir une solide connaissance générale du secteur. Entre vins français, vins du monde, champagnes et alcools forts. Un savoir qu'elle avoue « [mettre] à profit chaque fois qu['elle va] à une dégustation, ou simplement au moment d'acheter une bouteille chez [son] caviste. »

Douceurs helvétiques

Si elle n'exclut pas de revenir un jour dans le giron familial apporter sa bouteille à l'édifice, Pauline Blanck s'épanouit pleinement au sein de sa « famille » professionnelle actuelle, la Maison Chopard. Pour autant, rien ne l'empêche de continuer à aiguiser son goût du vin. Entre chasselas et syrah du Valais, elle initie son palais aux douceurs vinicoles helvétiques. Un palais déjà, semble-t-il, totalement conquis : « Le chasselas est un vin fruité, floral et typé terroir. Dans les grands millésimes, il adopte, après cinq ou dix ans de garde, des arômes miellés et des senteurs de noix. En Valais, la syrah donne un vin avec des notes épicées avec du poivre noir et des baies de bois. (...) J'ai un faible pour les vins du Valais, ses syrah magnifiques mais aussi ses sylvaners tout à fait surprenants, tels que le johannisberg de Chamoson.» Les mots s'écoulent déjà comme de la poésie...

De par le regard plein d'affection qu'elle porte sur sa famille ou la passion et l'énergie qui l'animent, qu'elle le veuille ou non, et comme le veut la formule consacrée, Pauline Blanck « a ça dans le sang » !Traçant sa route en Suisse pour le moment, il y a fort à parier que ce nouveau visage fera les beaux jours du Domaine Paul Blanck & Fils... & Fille.

 Par Mathieu Menossi, La Veilleuse

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